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Eyes in the city

It is mostly on weekends that I take long walks or bicycle rides in what I call my “cosmic city”. It can be at night, when things glow in the dark. Or it could be in the brightest sun, when things are intoxicated by light.
By keeping my mind free of specific targets, I look around feeling like a forensic scientist looking for fingerprints of the most recent past.

What attracts me can be on a sloppily erected wooden fence, or on a cheaply built factory wall. Or on a rolling shutter clearly unable to protect whatever hides behind it. Or on sides of churches, pedestal of memorials, windows, small back doors and big front doors. Every vertical surface collects something sometimes. Shredded posters advertising deluxe underwear or sunglasses in a neighbourhood where people struggle to make ends meet. Sweet, anxious, pointless love messages. Old, sad xerox pictures of pets that got lost. Electricians, plumbers, movers, babysitters offering their services. Phone numbers of women promising non-stop sexual paradises. Meaningless black spray signs left by untalented children. A leaflet pasted to a lamppost promoting a pizza place a few street away.

No space escapes to billposters. No space escapes to time. And it is time going by that squeezes some sort of rough poetry out of what I see through my camera, that makes me anxious to pull flashes of instant vitality out of the dead prosaic forms I look at. Clues of our age, so different if they have been there one year, six months or just a few weeks. “Nine months” is all you can read on a scrap of paper: what does it mean? Is that the barrel of a buried gun or a gas pipe going nowhere that sticks out of a broken wall? What do those numbers mean? Where do those electrical wires end up? Will those withered brown vines find some water and recover? Why is that blue eye looking at me? Does that raindrop have some similarity with General Charles De Gaulle? Is the pizza place still open for business, or did it go bust? And why?

Micro urban landscapes crowd my forensic work. Everything changes in a confined time frame following the mood of the weather and the ticking of my watch.  The shutter release button of my camera goes off fast and
softly. A split second later, nothing will ever be the same.

 

Occhi nella città – Les yeux dans la ville

À pied ou à vélo, je pars à la chasse. Planches  branlantes des vieilles barrières de chantiers, rideaux de fer des magasins recouverts de gribouillages à l’aérosol, murs de béton construits au moindre coût et tout de suite lézardés… Mais aussi flancs d’églises, socles de statues équestres, portes cochères des nobles palazzi du centre… Aucune surface verticale n’échappe aux interventions sauvages, toutes doivent être remplies : pubs de lunettes de soleil ou de caleçons griffés, affichettes qu’on a collées pour retrouver un chien ou un chat ; messages d’amour pathétiques, offres de fourgons de déménageurs, de plombiers, d’électriciens, de masseuses 24h sur 24 ; éclats de peinture sortis comme par erreur d’un aérosol distrait,  plans pour arriver à la pizzeria  de la prochaine rue à droite…

Pas un espace qui ne soit envahi cette folie de l’affichage et de la peinturlure, laquelle à son tour n’échappe pas à l’action du temps.

Car c’est lui, le temps, qui apporte de la poésie à la vulgarité des interventions humaines : le temps qui passe, mais aussi le temps météorologique : selon qu’il a fait plus ou moins chaud ou froid, qu’il a plu ou qu’il a fait soleil, il faudra un an, six mois, parfois même une seule semaine pour que les affiches se décollent, les couleurs changent, les métaux rouillent. De quoi pouvait bien parler ce lambeau de papier où l’on distingue encore « nove mesi » (neuf mois) ?  Et ce cylindre de métal qui sort du mur, est-ce le canon d’un revolver pointé sur les passants, ou le bout d’un tuyau de plomb coupé à la scie ? Quel sens peuvent avoir ces numéros, que peuvent indiquer ces flèches, où vont finir ces câbles électriques ? Que peut bien regarder cet œil bleu ? Et cette tache d’eau, ne ressemble-t-elle pas à De Gaulle? Et la  pizzeria, existe-t-elle encore?

C’est sur ces micropaysages métropolitains que je dirige mon objectif, dans une recherche tout à fait personnelle d’archéologie du court terme. Pour témoigner de la transformation continuellement à l’œuvre, en documenter les étapes. Et aussi pour montrer qu’il peut y avoir beaucoup de beauté dans la laideur, si l’on sait regarder et jouer avec la lumière. Lumière de l’aube, du plein soleil, du crépuscule, de la nuit… directe, indirecte, filtrée : constante incitation à aiguiser ma perception, la lumière peut transfigurer la dégradation urbaine. Mais il faut arriver au bon moment.

Une fraction de seconde après, il est déjà trop tard.

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Ruggine – Rouille – Rust

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